Des monts. 
Des vaux. 
Un village en bas, un en haut. Entre les deux, les villageois/es transhument. Parfois jusqu’à 7 fois par an (patience, vous allez vite savoir pourquoi). 
Des bambins de la vallée devenus grands, certains sont restés. L’un d’entre eux émerge du groupe et raconte les Événements qui, dans toute leur étrangeté, les accompagnent depuis les tréfonds de l’enfance. (S’ils étaient sur un banc, on l’appellerait le banc des ranwenn. Mais de banc, on ne sait rien) 
De cailloux, par contre, il est question, et pas qu’un peu. Car, figurez-vous que, dans ce coin du monde, des pierres apparaissent dans la chaleur des maisons, se meuvent sans sommation, déviant les rivières de leurs lits, s’éboulent sans vergogne, chassant en grappe les habitants terrorisés! 
Ce faisant, elles bousculent au passage quelques certitudes, et du magma et de la boue des non-dits, les hostilités affleurent, les mesquineries prennent leurs quartiers. Sont-ce ces nouveaux habitants aux habitudes inhabituelles qui trimbalent avec eux cette déveine? Ou le Malin qui prend possession des lieux(-dits)? Scientifiques, rebouteux, ecclésiastiques ou journalistes: l’on se presse aux portes du bourg pour comprendre, parce que, Tudieu, il faut bien réagir!
Cette fable noire et drôle de Claudio Morandini nous immerge, par lambeaux anarchiques de mémoire, dans le drame, comme on puiserait, avide, dans les archives locales. Avec la bonhommie des commentateurs en rab puisqu’une dimension orale et débonnaire habite le récit des faits. 
Pour nous, le délice de n’y rien comprendre.
Et le frémissement que procure l’ingouvernable.

(Elia, Librairie de l’Angle Rouge, Douarnerez)

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