Un ermite des alpages

Voici un héros fantasque, un vieil homme taiseux et revêche. Ce farouche ermite – il a choisi de vivre sur l’alpage, dans un coin isolé du Val d’Aoste – se nomme Adelmo Farandola. C’est son histoire que conte Claudio Morandini dans ce premier roman. Une histoire faite de « peu de mots, de peu de gestes répétés, d’efforts, de soleil à pic et de ténèbres soudaines, de gelées et de boue ». Un monde rythmé par les saisons où, durant l’hiver, « ce n’est que neige, neige, neige ». C’est dans son quotidien que ce vieillard nous apparaît. Autour de lui : un chien qui va devenir tant bien que mal son compagnon, bien plus bavard que lui, et un gardechasse qui semble l’épier. Voici donc le décor planté, avec ses odeurs et ses bruits lorsque, lors du dégel, pointe un pied humain, enseveli sous une ancienne avalanche. Minutieux et tragicomique, narrant la vie en solitaire tout comme les gestes mécaniques et les hallucinations qu’elle induit, Le Chien, la neige, un pied est un récit saisissant et cruel, déroutant, semblable à ces histoires légendaires que l’on aime à raconter à la veillée, et que la traduction ici restitue dans toutes ses nuances.

(Florence Courriol-Seita, Le Monde des livres, 30 Jun 2017)

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