Un vieil homme qui habite seul dans son chalet de montagne descend à l’épicerie du village faire ses provisions pour l’hiver. L’épicière lui demande s’il a oublié quelque chose, car il est déjà venu la semaine précédente. Que se passe-t-il dans la tête du vieil Adelmo Farandola ? On va le savoir, car l’auteur nous fait entrer dans sa vie et dans ses pensées. Sur le chemin du retour, Adelmo croise un chien qui s’attache à ses pas et deviendra son compagnon. Au chalet les provisions sont bien là, l’hiver peut arriver, un hiver rude que le lecteur va passer avec ces deux personnages. Au printemps, quand enfin le manteau neigeux se met à fondre, un pied dépasse de la neige …
L’écriture sert bien le propos de ce texte très original. C’est sec, c’est rude, ça sent le caillou. Et c’est très juste. La manière de faire apparaître le dialogue avec le chien rend la chose parfaitement naturelle, on accepte immédiatement ces échanges pleins de bon sens et de drôlerie. Les rencontres avec le garde-chasse sont aussi très crédibles et très drôles. Sans qu’on s’en rende compte l’auteur nous met dans une situation impossible : un chien qui parle, un vieux qui perd la tête (il ne se souvient plus s’il a tué ou non le garde-chasse), et pourtant tout est d’une logique implacable, tout a l’air parfaitement sensé.
Il y a aussi de belles descriptions de la nature, très visuelles, et surtout une évocation très juste de ce qu’est la solitude dans ces montagnes, et de la façon dont Adelmo a appris à défier la faim et le froid en réduisant la vie à son minimum pour survivre jusqu’à la fonte des neiges. C’est tellement réaliste qu’une lectrice a noté : “c’est trop de crasse, ça pue !”
La présence du chien qui s’adapte si bien au vieil homme est bouleversante. Malgré la dureté de la situation on est dans un univers de tendresse et de bienveillance qui fait penser à d’autres livres : “Dans les veines ce fleuve d’argent” de Dario Franceschini, “La petite lumière” d’Antonio Moresco, ou encore “La pluie jaune” de Julio Llamazares.
Le choix des mots du titre met bien en valeur le contenu du livre, de même que la photo de couverture, assez étrange. La traduction du titre est presque littérale (Neve, cane, piede) par contre la photo du livre est différente de la version italienne.

Né en 1960 à Aoste en Italie, Claudio Morandini, écrivain et enseignant en lettres modernes, est auteur de pièces de théâtre et radiophoniques, de contes et de romans. Il a obtenu avec ” Neve, cane, piede” le prix Premio Procida-isola di Arturo-Elsa Morante 2016. C’est le premier de ses ouvrages traduit en français.

(Le club de lecteurs de l’Association 120 Grand’rue)

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