Incroyable roman court et puissant publié chez Anacharsis (maison d’édition toulousaine !), gros coup de coeur pour cet ouvrage qui suit un vieil ermite vivant en montagne. Adelmo Farandola vit seul depuis tellement d’années qu’il ne s’en souvient plus. L’hiver, il s’isole dans son chalet et attend que la neige fonde pour monter plus haut dans les montagnes et éviter les touristes. Il ne descend au village qu’occasionnellement pour refaire ses provisions.
Une année, en remontant de l’épicerie, un chien se met à le suivre. D’abord essayant de le chasser, il s’habitue à sa présence et le garde près de lui. Rustre et à l’hygiène plus que douteuse, le vieux s’enferme dans le chalet avec le chien et laisse la neige s’empiler au-dehors. Il ne se souvient même plus de la veille et chasse les quelques passants avec des cailloux. Sa solitude entretenue volontairement est émaillée cet hiver là par ce chien avec lequel il se met à entretenir des conversations sur sa vie, ce qu’il faisait avant, conversations ponctuées par la faim puisque les réserves se sont épuisées plus vite cette année en raison du chien.
Lorsque la neige fond, le chien et le vieux découvrent un pied. Le vieux n’est plus très certain de ce qui s’est passé avant l’hiver et ne sait pas s’il est censé être au courant de la présence de ce pied que l’avalanche a ramené.
L’auteur italien signe un magnifique récit de la solitude et de la folie. Une écriture minimaliste et touchante, un récit relatant des moments courts de cet hiver de l’ermite et de son chiant parlant. Peu à peu la folie laisse place à une lucidité effrayante face à ce pied apparu dans la neige et bien que je ne puisse vous relater la fin du livre, je peux seulement vous dire qu’elle laisse en suspens des questions et c’est bien cela que j’affectionne dans un ouvrage. Pouvoir en discuter comme je l’ai fait par la suite avec d’autres personnes l’ayant lus sur cette fin et le contenu même de cet ouvrage, réaliser qu’il n’y a pas qu’une interprétation du déroulé des choses… un régal !
(Cécile Rivière, The Girl Who Reads)