Le mytho de la caverne

Pour écrire ce livre sec et entêté comme un arbre de montagne, l’auteur est parti des paroles de villageois à propos d’un homme solitaire installé dans un chalet d’alpage: Adelmo Farandola. Ce misanthrope a choisi de vivre isolé et de se mêler le moins possible à ses semblables. Par contre, il recueillera un chien philosophe, plus humain que lui et avec qui il dialoguera au quotidien de façon fructueuse et souvent humoristique. Au centre de leurs préoccupations : la survie en milieu hostile et la découverte d’un pied dans la neige. A qui appartient -il ? Adelmo est-il impliqué dans cette disparition? Tel est le fil conducteur de l’histoire.
La montagne oppose ses contraintes et rythme la vie d’Adelmo,  mais en même temps, elle  est une alliée de choix qui lui fournit un rideau de solitude bienvenue.
Un des charmes de ce livre : le contraste entre la rudesse d’Adelmo,  fermé sur lui même et certains aspects enfantins et légers de ses attitudes, révélés par le chien. Et le style tour à tour terre à terre et  poétique.
Adelmo et son chien sans nom parlent de la fonte des neige qui laisse apparaître des cadavres, au printemps:

« C’est comme si on voyait pousser les poils d’une barbe, dit un jour Adelmo – Comment ça ? – Les bouts de pattes, ils poussent comme des poils- Ah, je comprends, dit le chien, qui n’a pas compris »

Dans ce livre, on entend d’autres paroles animales, et  des paroles d’outre tombe !
Autre personnage cité dans le titre:  le pied. Au fur et à mesure, il  dévoilera son propriétaire et obligera notre ours à sortir de sa tanière, poussé par son chien.
Ce n’est pas un livre macabre comme pourrait l’être un polar sanglant, c’est plutôt une danse macabre. D’ailleurs, Adelmo ne s’appelle -t-il pas Farandola ?

(Bénédicte Wolf-Kiene, Larges Visions)

 

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