Cela faisait longtemps qu’on attendait de pouvoir lire en français les romans de Claudio Morandini dont nous n’entendions que du bien ! C’est aujourd’hui possible grâce aux éditions Anacharsis, dont le catalogue ne cesse de nous réjouir, et à la traductrice Laura Brignon. Le Chien, la neige, un pied est le dernier roman de l’auteur paru en Italie ; on espère que les traductions des précédents (et de ceux à venir) suivront !

4ème de couverture :
Adelmo Farandola vit seul dans son chalet perdu dans la montagne. Depuis un temps immémorial. Les années ont passé, identiques à elles-mêmes. Quoique. Adelmo Farandola n’a pas le souvenir très lucide. Les saisons s’empilent dans sa mémoire comme en un brouillard indistinct. Une longue grisaille vécue à l’écart des hommes, dans une solitude absolue, entretenue, revêche, un peu méchante.
Mais cet hiver-là surgit un chien. Bavard. Pétulant. La truffe en éveil. Il adopte Adelmo Farandola.
Au printemps, la fonte des neiges révèle peu à peu un pied humain non loin de leur cabane. À qui appartient-il ? Qui l’a mis là ? Adelmo Farandola ne se souvient pas très bien des événements de l’an passé…

 Il est assez difficile de parler de cet excellent roman sans spoiler mais nous allons essayer…
Claudio Morandini abandonne son lecteur dans un huis-clos protéiforme : on est d’abord perdu dans la montagne, on se perd encore dans l’esprit de son anti-héros Adelmo Farandola, et l’on est enfermé de force avec lui dans un chalet tout l’hiver durant. Et pourtant, on ne cernera pas totalement ce qui arrive avant les toutes dernières pages. L’auteur écrit une fable délicieusement glauque ; l’éditeur dit “une de ces histoires fascinantes et terribles qu’on se raconte le soir à la veillée.” Et c’est tout-à-fait ça ! Le Chien, la neige, un pied est un petit bijou littéraire ; Claudio Morandini explore différents styles et compose tout un univers à l’image de son imagination débordante ! Un homme vit en ermite, ne parle quasiment pas sauf à lui-même et aux animaux (qui, bien évidemment, lui répondent)… Puis, avec le retour des beaux jours, un pied apparaît avec la fonte des neiges… Qui est la victime ? Et surtout qui est Adelmo Farandola ? Car cet homme seul à un passé, une histoire, une vie, même si la nature gloutonne environnante essaye de l’avaler, lui… et tout le monde.
Il y a quelque chose de cinématographique dans l’écriture, chaque mot, chaque phrase, la moindre ponctuation sont rigoureusement pesés et posés comme le montage d’un film. Claudio Morandini nous offre un conte alpin hitchcockien teinté d’humour, d’angoisse et de psychologie totalement maîtrisé. Et les lecteurs français découvriront, je l’espère, un grand, très grand écrivain de la littérature italienne contemporaine !

(Lilian Auzas, L’avis du Teckel)

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