C’est l’histoire d’un vieux, solitaire, taciturne, peu aimable, cradingue à l’extrême et atteint d’importants troubles de la mémoire. Il vit isolé dans un chalet perché si haut qu’il est prisonnier de la neige durant la moitié de l’année. Cette année-là, un chien abandonné lui colle aux basques et il finit, à son grand étonnement, par s’en faire un compagnon et même un interlocuteur pour l’hiver ! Il a tout de même la raison qui vacille un peu cet Adelmo Farandola. Est-ce à cause de ces lignes à haute tension qui vrombissaient au-dessus de sa tête durant son enfance et qui faisaient perdre la boule aux gens du village ? Est-ce à cause des années de guerre pendant lesquelles il a dû apprendre à ignorer la faim, le froid et trouver du réconfort à parler seul tandis qu’il était terré comme un mort-vivant au fond du boyau le plus étroit d’une mine de manganèse ? A la fin d’un interminable hiver, les avalanches ont stoppé leur course à quelques mètres seulement du chalet, charriant un tas de débris, d’animaux morts ainsi qu’un pied humain qui se dresse au-dessus de la neige amassée. Mais qui cela peut-il bien être ? Adelmo Farandola a les souvenirs embrouillés et il serait bien possible, finalement, que ce soit lui qui l’ait abattu. Un portrait original d’un être frustre et misérable à l’état mental dans un équilibre précaire.

(Christian Palvadeau, mediathequedudoubs.blogspot)

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