L’homme des neiges

La montagne a le vent en poupe et les éditeurs prennent de la hauteur ! Cette fois, venue d’Italie, une histoire cruelle comme il s’en racontait le soir, à la veillée, pour se faire peur.
Homme fruste et solitaire, Adelmo Farandola habite une cabane misérable dans les montagnes. Sa vie est rythmée par les saisons ; deux fois par an, avant l’hiver et au printemps, il descend s’approvisionner au village, où on le considère comme un vieil original crasseux. Cet automne, cela fait deux fois qu’il vient au magasin pour acheter de quoi passer l’hiver, car il commence à perdre la tête : « il ne se souvient pas qu’il a oublié »… Lors de sa remontée, un corniaud s’accroche à ses basques, et malgré ses efforts pour le chasser avec force jets de pierres, Adelmo ne parvient pas à le décourager : l’animal lui fera un peu de compagnie, d’autant que là-haut, il ne reçoit guère de visites, sauf de temps à autre ce fouineur de garde-chasse. L’hiver arrive, et avec lui la neige qui isole pendant des mois l’ermite et son chien dans le chalet. C’est dans cette rude proximité qu’ils vont tous deux se mettre à discuter. Un jour, Adelmo et son compagnon font une découverte macabre, un pied humain dépassant d’une avalanche. Avec le dégel, le corps va se dévoilant, et l’esprit d’Adelmo va divaguant.
Ce personnage de misanthrope bourru est plus complexe qu’il n’y paraît ; sa mémoire embrumée fait ressurgir des traumatismes anciens qui ont précipité sa fuite hors d’un monde qui avait « perdu la boule ». Se réfugier toujours plus haut, s’enterrer vivant sous des couches de neige ou de terre, rien ne bâillonne l’instinct grégaire de notre ermite montagnard qui parle à la roche, à la glace, aux animaux et même aux morts. Dans la solitude hivernale, les distances se resserrent et le mystère apparaît, sujet de ce roman rugueux, sombre et troublant.

(La plume au vent, Onlalu)
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