Après Le chien, la neige, un pied publié aux éditions toulousaines Anacharsis en 2017, Claudio Morandini revient avec une superbe fable. Dans un pays de montagnes, les habitants des villages de Sostigno (en bas) et Testagno (en haut) doivent déménager de plus en plus souvent entre le village du haut et celui du bas quand ils déménageait deux fois par an seulement avant. La raison ? Les pierres qui bougent seules. Désormais, dès qu’elles le veulent et à l’improviste, elles chamboulent tout et forcent les habitants à déménager. Ceux qui sont adultes aujourd’hui racontent alors le début du phénomène lorsqu’ils étaient enfants. Lorsque un couple d’enseignants étrangers au village construisent une belle maison, ils ne s’attendaient pas à trouver au milieu de leur salon … une pierre, seule. Tandis qu’ils la jettent dehors, le lendemain, une nouvelle pierre.. jusqu’à ce qu’il y en ait tellement qu’ils condamnent le salon, le laissant aux pierres. Un conte fantasque raconté à la manière d’une fable orale, une sorte de tradition acceptée placidement par les enfants de l’époque. Un texte qui fait penser au fil Les oiseaux d’Hitchcock mais avec un humour en plus, un délice qui se lit presque d’une traite !

 « Ettore Saponara se sentait amer, envahi de doutes, et même un peu alarmé ; son épouse l’accusait d’être l’auteur de tout ce trafic, de s’amuser en fait, pour allez savoir quelle raison, à répandre des cailloux et du sable sur le carrelage du salon. Ettore, qui n’avait jamais jamais rien fait de tel, ruminait dans son coin sur l’identité de la personne qui avait mis les pierres là, ne sachant s’il devait essayer de convaincre son épouse de son innocence ou la laisser macérer dans ses soupçons : pour l’heure, il se taisait, parce qu’il sentait qu’il était moins angoissant pour Agnese de le suspecter que de l’estimer innocent, vu que cela serait revenu à reconnaître l’implication d’un tiers. »
(Librairie Au Fil des Mots)
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