Ce n’est pas tant l’intrigue du roman qui est réussie que l’atmosphère particulière que l’auteur parvient à installer : glauque, humide, poisseuse, dérangeante et pourtant curieusement poétique. C’est qu’on se trouve dans un village sombre, froid, rongé par la moisissure et que ses mystérieux habitants semblent davantage s’y enterrer qu’y vivre. J’aurais envie d’utiliser le terme anglais « uncanny », l’expression de Freud « inquiétante étrangeté », tant la frontière entre le réel et le fantastique se brouille. Le titre, qui m’a d’abord attirée, est en cela parfaitement choisi.
Comme la narratrice, ethnomusicologue venue étudier des chants de bergers à la beauté troublante, on est de plus en plus tenté par des explications surnaturelles face aux situations inexpliquées qui se présentent. On se sent rapidement aussi englué dans le roman que la jeune femme dans le village de Crottarda, avec une sorte de fascination un peu malsaine.
Certaines situations seraient presque drôles si elles ne mettaient pas en même temps franchement mal à l’aise. Mais il est finalement difficile de trancher à la fin : horribles secrets ou farces de mauvais goût.

(https://xn--rve-veille-m7a.fr/les-oscillants/)

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